Accompagner
Le deuil
Chaque deuil est unique
Accompagner une personne en deuil, c’est accompagner une personne unique, unique comme l’est son deuil. C’est marcher à son pas, c’est accueillir tout ce qu’elle peut apporter de souffrance, de colère, de chaos, de culpabilité parfois … mais aussi de force et d’espoir … C’est ouvrir un espace d’expression.
Accompagner le deuil, c’est bien souvent accompagner une personne coupée d’une part d’elle-même. C’est, pas à pas, l’aider à se reconnecter à son corps, à ses sensations. C’est l’aider à se reconnecter au présent, dans un temps où le passé est envahissant et le futur souvent angoissant.
Accompagner le deuil, c’est être à l’écoute mais c’est aussi être actif. C’est accompagner la personne endeuillé.e vers un nouvel équilibre à inventer, à reconstruire sa vie après la perte d’un être cher, un nouvel équilibre souvent ressenti comme inaccessible dans les premiers temps.
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Deuil et processus de deuil

Le terme DEUIL provient du latin « Dolus » (douleur) et de « Dolium » (chagrin). Il est dérivé de « Dolere » (souffrir). Le deuil est donc un sentiment de profonde tristesse éprouvée à la suite de la mort d’un proche. Il est souvent associé à la douleur et à la souffrance.
Christophe FAURÉ (psychiatre et psychothérapeute spécialisé, entre autres, dans l’accompagnement du deuil), dans son livre « Vivre le deuil au jour le jour », compare le deuil à un processus naturel de cicatrisation : « Suite à la rupture du lien émotionnel qui nous lie à la personne aimée, le processus de deuil se déploie comme une intelligence innée de notre corps qui sait exactement quoi faire pour cicatriser la plaie sans même que notre raison ou notre volonté participe à ce processus naturel. Il y a quelque chose de spontané et de profondément salutaire dans la mise en route de ce processus involontaire »
Ce processus naturel de cicatrisation est donc un processus inconscient. C’est comme un processus de vie qui s’enclenche sans notre accord, alors même qu’une partie de nous se sent morte avec l’être décédé. C’est ce processus qui, en quelque sorte, prend soin de nous dans un moment où nous ne sommes plus totalement présents à nous-mêmes. C’est donc lui qui nous aide, même imperceptiblement, à continuer le chemin. C’est ce processus que nous nommons le processus de deuil.
En marge de ce processus naturel inconscient se tiennent aussi, lorsque nous en avons encore l’énergie, toutes ces infimes petites choses que nous mettons en place pour tenter de rester debout. C’est peut-être simplement se lever le matin ou bien aller travailler ou encore aller faire une course. C’est peut-être faire un tour dans un lieu agréable ou boire un café avec un(e) ami(e). Ces petites choses que nous décidons consciemment sont un peu comme l’application d’un soin sur cette cicatrice. Une cicatrice qui pourra alors prendre progressivement une apparence harmonieuse.
Mais parfois ces infimes petites choses nous semblent hors de portée. C’est alors que le processus inconscient de deuil, comme nous l’avons vu plus haut, se révèlera le meilleur des alliés. Des choses avanceront en nous, souvent imperceptiblement, nous ne le découvrirons que plus tard … un peu comme des pas invisibles dans une nuit épaisse.
Apprendre à vivre autrement avec la personne décédée

Et comme si la mort ne suffisait pas … Comme si notre arrachement à la présence de la personne décédée ne suffisait pas … Une peur nous guette, sourde, bouleversante : celle de l’oubli de l’être aimé.
Et pourtant NON, qu’on ne s’y méprenne pas, le deuil ne consiste pas à « oublier », mais à « inventer une autre relation avec l’être aimé ». Comment l’oublier alors qu’au sein de notre cerveau, plusieurs milliards de neurones ont créé une infinité de liens. Ces liens se manifestent sous forme de souvenirs, d’habitudes, de paroles échangées, d’images, de sons, de couleurs, d’odeurs, etc.
L’être aimé est en effet décédé mais quelque chose de lui siège au plus profond de notre être. Le deuil consiste donc à apprendre à vivre autrement avec lui. Le deuil consiste à transformer la tristesse et la souffrance en un lien nouveau qui va s’inventer jour après jour. Le deuil consiste à tisser une nouvelle relation et à ne pas laisser le vide ou la solitude nous laisser croire que tout est irrémédiablement fini. L’être aimé conservera toujours, si cela est notre souhait, une place de choix au fond de nous-mêmes, quelque soient les chemins auxquels notre avenir nous invitera.
Le deuil, un bouleversement

Le deuil ne peut être limité à la souffrance ressentie, il est bien plus que cela. Dans la vie de la personne endeuillée, beaucoup de choses sont bouleversées.
Le deuil peut ainsi être comparé à une onde de choc qui vient faire trembler différentes facettes de notre édifice :
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Notre corps
le choc du décès l’a secoué, l’a ébranlé parfois. Nous pouvons nous sentir épuisé.e.s au quotidien comme si notre énergie vitale nous avait abandonnée. Nous pouvons nous sentir tendu.e.s ou courbattu.e.s comme après une épreuve physique ou mentale profondément éprouvante. Nous pouvons nous sentir douloureux, comme habitant un corps meurtri. De nombreux éléments physiologiques peuvent aussi se dérégler : le sommeil, la digestion, l’appétit, la mémoire, …
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Notre état psychologique
des pensées peuvent nous revenir en boucle, nous obséder, comme des ruminations incessantes. Nos émotions peuvent varier d’un instant à l’autre. Nous pouvons être envahis par la peur, la colère, la solitude, la culpabilité, la tristesse, … La sérénité qui, peut-être, nous habitait avant le décès de l’être aimé a pu laisser place à un tumulte intérieur, à un bruit de fond douloureux, comme peut-être un cri incessant. Nous pouvons également ressentir une forme d’errance intérieure, comme si nous étions perdus, désorientés ; une errance qui nous coupe du monde et qui nous emmène nous ne savons où.
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Notre équilibre social ou familial
et comme si le deuil de l’être aimé, lui non plus, ne suffisait pas, il va probablement nous falloir traverser d’autres deuils encore : peut-être celui de notre identité (j’existais avec elle, avec lui, qui suis-je aujourd’hui), celui de nos projets, celui de notre équilibre familial ou professionnel, celui de notre sécurité matérielle, celui d’un avenir construit, attendu …
Le deuil nous désorganise intérieurement et extérieurement. Il modifie notre rapport à nous-mêmes et notre rapport au monde. Tout devient flou : « Je ne sais déjà plus qui j’étais, je ne sais plus vraiment qui je suis ni vers quoi je vais, ni qui je serai ».
Les stades du deuil

Beaucoup de personnes peuvent penser qu’il existe des stades du deuil, comme des étapes bien délimitées qui marquent, chacune, un état intérieur et une progression attendue. En effet, ce concept est encore parfois enseigné dans les universités, les services de soins palliatifs, les services spécialisés, … On le retrouve également dans de nombreux ouvrages. Mais l’expérience contredit la théorie. Les stades de deuil restent propres à chacun car chaque deuil est unique. Avoir toutefois quelques repères semble pertinent et rassurant dans un contexte si déstabilisant et si éprouvant que celui de la perte d’un être cher.
La théorie des stades de deuil doit surtout son succès à Elizabeth Kübler Ross, une psychiatre suisso-américaine pionnière de l’approche des soins palliatifs. Elle expose le principe d’un cheminement en 5 étapes à partir de l’annonce du décès : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Mais dans les faits, les émotions, les pensées et les comportements de l’endeuillé ne respectent pas un enchaînement figé. Leur existence, leur intensité, leur apparition et leur disparition suivent un chemin variable et incertain.
Le Dr Christophe FAURÉ dans son livre « Vivre le deuil au jour le jour » laisse apparaître 4 fréquentes étapes qui jalonnent le deuil, des étapes dont le vécu et la durée varient d’une personne à l’autre, des étapes qui parfois se chevauchent, des étapes qui n’ont pas pour finalité de s’ériger en dogme mais seulement d’offrir quelques repères à la personne en deuil afin de mieux reconnaître ce qui se joue en elle : « On ne souffre plus à vide, on comprend qu’il y a une cohérence interne à cet apparent chaos » (Dr Christophe FAURÉ).
1. La première étape proposée est « Le choc, la sidération ». L’annonce du décès commence par engendrer un profond choc, parfois un état de sidération complet. La personne endeuillée peut rester comme incrédule, figée, voire anesthésiée dans ses émotions. Des mécanismes de protection se mettent alors spontanément en place. Le corps et l’esprit cherchent à mettre la douleur à distance. Certaines personnes peuvent ainsi apparaître comme détachées. Mais s’ensuit rapidement une première confrontation à l’absence, une confrontation caractérisée par des décharges émotionnelles et des pleurs incontrôlés.
2. La seconde étape est « La fuite, la recherche ». La personne endeuillée est profondément confuse et désorientée. Elle a l’impression d’avoir perdu tous ses repères. Cette confusion peut parfois engendrer une véritable crise identitaire. Dans un premier temps, un mouvement de fuite va s’initier afin d’échapper à la peine. Cela peut se traduire par une forme d’hyperactivité destinée à limiter le flot des pensées, des émotions et à juguler la souffrance. Dans le même temps la personne endeuillée va entrer dans un processus de recherche visant à retrouver l’être aimé afin de préserver un maximum de liens avec lui (ex : écouter sa messagerie vocale, porter ses vêtements, apposer de nombreuses photos, etc.).
2. La troisième étape est « La destructuration ». La personne endeuillée prend conscience de la perte de l’être cher. Elle prend conscience que la mort est définitivement là. C’est souvent ici que la douleur est la plus vive, c’est souvent ici que peuvent naître ou se raviver des émotions très intenses (peur, colère, solitude, culpabilité, …). Attention toutefois car chaque personne est unique et rien ne permet d’anticiper un vécu à venir. Alors, c’est encore ici qu’apparaît parfois un vécu dépressif associé à des perturbations physiologiques. Une violente impression de vide peut également surgir car les liens anciens à l’être aimé s’émoussent doucement pour laisser place à de nouveaux liens encore fragiles. C’est encore parfois à ce stade que la personne endeuillée est tentée de se laisser aller au désespoir, pensant qu’elle ne parviendra jamais au bout de ce processus de deuil … Mais c’est faux, ce stade concourt inconsciemment à la reconstruction. Il met en évidence le chemin déjà parcouru, un chemin qui conduit, pas à pas, vers l’apaisement.
4. La dernière étape est « La restructuration ». Cette étape émerge lentement, souvent inconsciemment. Elle se fond parfois avec la précédente. La nécessité ou le souhait de reconstruire sa vie apparaît progressivement et ouvre des lueurs d’espoir. La personne endeuillée prend alors conscience que certaines de ses perceptions ont évolué : le manque de l’être aimé est toujours présent mais atténué, comme apprivoisé, la douleur également s’est estompée. Un temps s’ouvre où la personne endeuillée redéfinit progressivement ses relations aux autres et sa relation à elle-même. Le temps de la restructuration est venu et avec lui le temps de reconstruire sa vie tout en préservant un lien unique et singulier avec l’être aimé … La blessure a cicatrisé.
J’achèverai ces lignes par les mots remplis d’espoir du Dr Christophe FAURÉ : « Lentement, avec de nombreuses hésitations et maints retours en arrière, on va entrevoir la possibilité d’un retour à la vie ».
Ce que la sophrologie peut apporter pour se remettre d’un deuil

J’aborde l’accompagnement du deuil par la sophrologie. En effet, dans une période où la personne endeuillée est bien souvent coupée d’une part d’elle-même, comme anéantie par le séisme provoqué par le décès de l’être aimé, la sophrologie va lui permettre de se reconnecter à son corps, à ses émotions, à ses sensations.
En effet l’impact du deuil sur le corps est bien souvent négligé car le mental est envahissant … Le mental et son lot de ruminations, le mental et son lot d’émotions, le mental et son lot de souvenirs qui resurgissent de façon imprévisible à tout moment du jour et de la nuit.
Il s’agira alors ici, très progressivement de ressentir son corps, de ressentir sa respiration, d’être juste attentif à soi le temps d’un instant. Ressentir son corps au travers d’exercices doux qui apaisent la douleur et qui rappellent que le corps, même délabré est bien là, en attente de soin. Ressentir sa respiration, comme ressentir à nouveau la vie en soi et laisser ce souffle apaiser et revivifier un intérieur meurtri. Être juste attentif à soi au travers d’exercices de visualisation positive qui reconnectent, le temps d’un instant, à des moments de joie, de paix et de bien-être.
Puis peut-être prendre conscience des émotions et des pensées qui sont là. Les accueillir même si elles nous dérangent, même si elles nous tourmentent, même si elles sont imprégnées de souffrance. Apprendre doucement à les ressentir, à les laisser passer, à les apprivoiser. Apprendre doucement à accueillir un soupçon d’apaisement et à le laisser grandir … jusqu’à accueillir un peu de sérénité le temps d’un instant ou peut-être un peu plus.
Accueillir n’est pas se résigner. C’est prendre conscience. C’est déjà résister. C’est permettre à l’émotion d’exister et de se transformer. C’est permettre à l’émotion de muer jusqu’à un jour s’estomper véritablement. C’est permettre à notre corps et à notre esprit de lentement se reconstruire. C’est un des chemins du retour à la vie.
Une séance de sophrologie en accompagnement de deuil se construit souvent dans l’instant présent avec ce que vous apportez. Elle répond à vos attentes du jour. Elle répond à un état de souffrance et d’espoir bien souvent fluctuants. Une séance se sophrologie, si vous le souhaitez, peut simplement se résumer à un long moment partagé associé à quelques exercices répondant à vos besoins du moment. Mais une séance de sophrologie peut aussi, si telle est votre attente, être plus silencieuse afin de vous laisser vivre intensément cette connexion à votre corps et à vous-même. C’est votre séance, elle répondra à qui vous êtes et à ce que vous attendez. Nous la construisons ensemble.
Vous ressentirez aussi peut-être le besoin d’instaurer dans votre vie quotidienne de petits rituels, de petits moments apaisants, comme autant de nouveaux repères qui viendront construire vos journées. La sophrologie et ses exercices peut participer de ces rituels, peut vous accompagner au quotidien … Peut-être au réveil, peut-être au coucher, peut-être le temps d’une balade en forêt ou le temps d’une marche sur la plage …
Un groupe de parole : pourquoi pas ?

J’ai commencé ce chapitre par cette phrase : « Accompagner le deuil, c’est accompagner une personne unique, unique comme l’est son deuil ». Peut-être envisagez-vous alors ce temps comme un temps de mise en retrait, un temps où vous privilégiez de rester face à vous-même.
Peut-être aussi envisagez-vous ce temps comme une opportunité de resserrement des liens avec vos proches ou peut-être encore comme un temps d’ouverture aux autres mais loin du vent du deuil. Mais vous pouvez aussi ressentir le besoin de rencontrer des personnes ayant vécu ou vivant une situation similaire à la votre. Les groupes de parole peuvent alors être une réponse.
Plusieurs associations accompagnant les personnes endeuillées proposent des groupes de paroles ou bien des rencontres thématiques. Vous trouverez sur Internet de nombreuses références. Un groupe de parole peut vous relier à une communauté, à une communauté qui vit et comprend ce que vous vivez. Un groupe de parole peut aussi atténuer un sentiment de solitude en vous permettant de tisser de nouveaux liens d’amitié. Un groupe de parole apporte un soutien mutuel, c’est aussi un lieu où vous pouvez vous ressourcer … Alors n’hésitez pas.
J’espère sincèrement que ces quelques précisions vous auront été utiles. Pour me retrouver en cabinet, il vous suffit de cliquer sur le bouton « Prendre rendez-vous».